Lot n°19

[CORRESPONDANCE] - THOURET (Antony) - 1807-1871 - Avocat, écrivain et homme politique français - Ensemble de 6 lettres : 3 lettres autographes signées adressées à Victor Hugo : La 1ère sur papier en-tête du Journal de la Révolution de 1830, daté du 29 mai 183[1] avec adresse et cachets au verso, dans laquelle il lui exprime son admiration : " Monsieur, Un journal se plaignait en riant de ses ouvriers compositeurs qui avaient dit : le roi a travaillé aujourd'hui avec ses monstres (ministres). Vous-même vous dites dans la préface d'une de vos éditions de Han d'Islande, que votre barbare éditeur a rempli d'incongruités typographiques cette édition. [] Les deux exemples sont cités par moi afin de justifier une phrase sur le faible article que j'ai inséré à propos de votre savant ouvrage Notre Dame. [] Il est vide de beaucoup d'émotions qui ne peuvent appartenir à un journal, et d'un enthousiasme que j'ai dû brider un peu, parce que j'ai découvert dans mon sang froid que des curieux l'auraient accusé de commérage. Je suis donc, quant à l'article, bien loin d'accepter les remerciements que vous m'adressez, mais au fond de ma pensée, il y a l'orgueil de croire que je les aurais si ce n'était pas à moi bien au contraire à remercier la fortune qui m'a mis dans la position de parler de vous. [] L'honneur de recevoir quelques fois un mot de vous sera le complément de tout ce que je désire, et je vous le répète, donnez moi souvent l'occasion, mais en quelque genre que ce soit, de ne plus vous devoir autant que je déclare vous devoir. Pour la vie. Votre plus dévoué admirateur. " - 3 pages sur 2 feuillets In-folio - Écriture bien lisible à l'encre noire - La 2nde localisée à Douai, datée du 26 avril 1848 : " Cher citoyen, La préfecture du Nord va être libre. Mon successeur se retire chargé de son impopularité, et du mépris public. Le pays tout entier s'est levé pour demander mon rappel. Des ovations m'ont accueilli dans toutes les villes où j'ai passé []. Mon élection se fait par les honnêtes gens, sans listes imprimées. J'ose assurer qu'un autre administrateur que moi est impossible en ce moment. La ville de Lille toute entière a crié " Vive Antony Thouret " à la porte de mon hôtel jusqu'à deux heures du matin. [] J'ai suivi une politique qui est celle du gouvernement provisoire. [] Que le gouvernement provisoire choisisse entre ces deux thèmes, le Nord couronne le mien par l'élection de Lamartine à une formidable majorité. Au nom de cette amitié de 20 ans que je porte pour vous partout au fond de mon coeur : voyez de suite Lamartine. Mettez lui sous les yeux ces deux manifestes de mon âme : il faut pour le département et pour mon honneur que ma nomination à la préfecture du Nord m'arrive avant deux jours, autrement il y aura du sang répandu. L'honneur du gouvernement et le mien seront sauvés et le nom de Lamartine sera béni par 200.000 habitants. Faites cela, Hugo et Lamartine, et je suis à vous pour la vie. [] - 3 pages sur 2 feuillets In-4° - Écriture bien lisible à l'encre noire - La 3ème sans date [vers 1852] : " Mon cher collègue, L'édition mutilée de votre admirable Némésis me fait horreur. Indiquez moi le moyen d'avoir à Ostende une édition libre ! Je renonce à vous exprimer l'admiration que m'inspirent votre caractère et votre génie ! [] Pour vous, noble et bien aimé poëte, Jersey est la Sainte Hélène du génie, d'où une génération jeune et indignée ramènera bientôt autre chose que des cendres ! Merci, merci mille fois, au nom de l'honnêteté universelle de ce combat de géant à escroc, où la vérité saisit des armes jusqu'ici inconnues, [] " - 3 pages sur 2 feuillets In-4° - 1 tache angulaire en partie inférieure - 3 lettres autographes signées adressées à Adèle Hugo : La 1ère datée du 6 décembre 1837 : Permettez-moi de vous rappeler, Madame, la promesse que vous m'avez faite de me donner le portrait du poète. L'insistance que je mets à l'obtenir de suite ne peut s'excuser que par le double désir que j'ai d'avoir toujours près de moi, la figure de notre grand écrivain, et un dessin de votre main. [] " - 1 page sur 2 feuillets In-4° avec adresse et cachets au verso - Quelques petites rousseurs éparses - Écriture bien lisible à l'encre noire - La 2nde vers 1848 : " Madame, les souffrances politiques physiques et morales de cette orgie parlementaire qu'on appelle une séance de nuit m'ont fait souffrir à point que je pars pour aller oublier sur les rives de la Seine Paris et tout ce qu'il contient ! Je dois excepter dans Paris une famille et une personne. Cette famille est la vôtre, cette personne c'est vous ! J'éprouve le besoin, avant de partir de vous dire : 1° que je suis incapable d'aller dîner chez vous aujourd'hui. 2° que ni vous ni les vôtres n'auront jamais un ami plus sincère, plus aimant, plus dévoué que le malade de corps et d'esprit qui signe cette lettre. Tout mon respect. Le pouvoir a conquis deux têtes. L'assemblée nationale s'est livrée ! Deux collègues ont été jetés, à bientôt les autres ! " - 2 pages sur 2 feuillets In-4° à en-tête monogrammé AT - Écriture bien lisible à l'encre noire - La 3ème, datée du 17 septembre 1848 : " Madame, Ç'a été pour moi depuis 20 ans un besoin si impérieux d'aller au milieu de votre famille que j'aime tant, retremper mon coeur et mon esprit, que je ne puis rester plus longtemps en suspicion de me tenir loin de vous. [] J'ai traîné depuis quinze jours à l'assemblée propre ombre. Je ressentais des douleurs tellement significatives, que des amis m'ont averti qu'il était temps d'appeler un médecin. [] Oui ce coeur qu'on pourrait accuser d'indifférence ou d'oubli n'est coupable que d'une chose. Il est coupable d'hypertrophie ! Maintenant que je suis justifié veuillez garder le secret, tous. [] ". - 4 pages sur 2 feuillets In-4° à en-tête monogrammé AT - Écriture bien lisible à l'encre noire - Bon état général.
Provenance : Famille Antony Thouret.

Estimations : 300€ / 500 €